Spécial 8 MARS : Santé : UNE PIONNIèRE AU POINT G,Mme Sidibé Assa Traoré est la première et seule endocrinologue dans notre pays

Aimer et exercer correctement son métier est très important dans la vie d’une personne. C’est en cela qu’on arrive non seulement à être indépendant, mais aussi à servir autrui. Mme Sidibé Assa Traoré fait partie de cette catégorie de personnes qui ont fait de l’amour du travail bien fait leur crédo.

Après avoir terminé la Faculté de médecine et de pharmacie de Marseille en 1985, Mme Sidibé est parvenue à s’imposer au centre hospitalo-universitaire (CHU) du Point G, (qu’elle a intégré en 1986) par son travail bien apprécié. Professeur agrégé en endocrinologie et maladies métaboliques, Mme Sidibé est également enseignante à la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odonto-stomatologie. Elle est la première et seule femme endocrinologue dans notre pays. L’endocrinologie est une spécialité médicale assez large qui traite toutes les pathologies liées aux glandes à sécrétion interne (le diabète et la thyroïde, entre autres).

Elle couvre aussi les retards de croissance, de puberté, les obésités et certaines stérilités. De grande taille, très éloquente, Mme Sidibé s’exprime avec confiance. Sa vocation a été orientée, d’une part, par ses parents, particulièrement par son père qui avait pour spécialité les sciences sociales. Ce dernier était beaucoup présent dans les hôpitaux et pouponnières, indique t-elle. D’autre part, durant son enfance, la praticienne a eu des petits problèmes de brûlures et d’accidents qui ont fait qu’elle a opté pour la médecine, afin d’aider les gens dans leurs souffrances. Elle a choisi l’endocrinologie, pour venir en aide aux personnes atteintes de maladies endocriniennes dont la prise en charge n’était pas assurée dans notre pays, faute de spécialiste. Aussi se trouve-t-elle vraiment débordée.

Normalement un médecin doit voir 4 malades par heure, donc 28 malades par jour. Mais Mme Sidibé Assa Traoré fait 40 à 50 consultations par jour. C’est pourquoi, elle se bat actuellement pour l’ouverture d’un Certificat d’études spécialisées (CES), c’est-à-dire des médecins en spécialisation dans notre pays, afin de former d’autres personnes. La praticienne comme c’est son travail, a sauvé beaucoup de vies humaines durant son parcours. Beaucoup de patients qui viennent en coma hypoglycémie sont « ressuscités » (car ils étaient considérés comme morts) par le professeur et son équipe. « Il suffit de leur administrer un traitement bien précis. S’ils n’avaient pas reçu ce traitement au bout de 15 à 20 mn, ils allaient mourir », explique t-elle. Autre exemple : bon nombre de personnes souffrant d’une insuffisance surrénale arrivent en consultation dans un tableau de défaillance complète. Au niveau des reins, il existe deux petites glandes appelées les surrénales. Lorsque le sujet en manque, il peut brutalement mourir. « Si on diagnostique vite, on administre l’hormone qu’il faut et le pronostic vital n’est pas engagé », indique la praticienne. Cependant tout n’a pas été facile pour le professeur Assa Traoré. Lorsqu’elle a intégré l’hôpital du Point G en 1986, l’endocrinologie n’était pas reconnue comme une entité séparée. Elle a été affectée au service de neurologie. Là Mme Sidibé exerçait un double travail intellectuel. Elle passait d’un raisonnement (car elle ne voulait pas abandonner sa spécialité) à un autre, selon le malade qui se présentait. C’était la principale difficulté à laquelle elle s’est trouvée confrontée durant son itinéraire.Le métier de médecin, particulièrement celui de professeur ne constitue pas un obstacle à sa vie d’épouse et de mère de famille. « Chaque métier a ses contraintes et ses obligations. Et il faut les assumer. Lorsqu’une femme décide de poursuivre ses études, c’est qu’elle veut se rendre utile à son pays. Si elle a déjà une profession, c’est qu’elle a choisi de faire un double travail : les travaux domestiques et son métier », précise le médecin.

« Le statut de professeur a ses exigences en termes d’enseignement à la FMPOS, d’encadrement de thèses et de recherche entre autres, mais la bonne organisation permet de concilier toutes ces activités », affirme la praticienne. Mme Sidibé Assa Traoré est très appréciée par ses collègues au CHU du Point G. Dr Minta Djénébou Traoré fait sa spécialisation en médecine interne. Elle témoigne : « Depuis 2007 je travaille avec le professeur Assa Traoré. Je n’ai pas eu de problème avec elle. Elle m’apprend beaucoup de choses. Elle aime le travail bien fait et la perfection ». Le témoignage est confirmé par le professeur Mamadou Dembélé qui la trouve « joviale, dynamique et très compétente », en assurant qu’elle exerce son métier au même titre que les hommes. Durant 50 ans, notre pays a réalisé des progrès notables. Sur le plan médical, des infrastructures ont été construites et équipées, Mme Sidibé Assa Traoré. Mais elle dit qu’elle reste un peu sur sa faim, pour ce qui concerne la prise en charge du diabète. Un plan national avec des stratégies, est nécessaire pour prendre en charge de cette maladie, estime l’endocrinologue.

Source: Christian Diallo, Bamanet.net