REMAPATH

Une induration superficielle au niveau de la face latérale droite de la verge révélant la maladie de Mondor

TEMBELY Youssouf1, KASSOGUÉ Amadou2, TRAORÉ Tiémoko1, FRANKY Oman1, COULIBALY Salia3, DOUMBIA Youssouf1, KANTÉ Mahamadou1, TEMBELY Aly1

1: Service d’Urologie, CHU Point G, Bamako Mali, 2:Service d’Urologie, CHU Pr Bocar S SALL de Kati, Mali, 3:Service d’Imagerie médicale, CHU Pr Bocar S SALL de Kati, Mali.

Résumé (Français):

La Maladie de Mondor ou thrombose veineuse superficielle est une affection bénigne rare. Cette thrombose veineuse superficielle peut se localiser dans plusieurs parties du corps: paroi thoracique, abdominale, bras, pénis. La localisation au niveau de la verge est exceptionnelle. Le diagnostic repose sur l’examen minutieux de la verge complété par une échographie doppler de la verge. Le traitement est basé sur les anti-inflammatoire non stéroïdiens. Nous rapportons un cas de Maladie de Mondor de la verge chez un homme de 31 ans survenu après une activité sexuelle. Le patient est sans antécédent médico-chirurgical notable. Sa symptomatologie associe une douleur et des nodosités au niveau de la veine du pénis. En plus de la clinique, l’échographie doppler aide au diagnostic et permet d’écarter les diagnostics différentiels. Un traitement à base d’anti-inflammatoire non stéroïdien a été instauré chez le patient avec succès

Mots clés: thrombose veine superficielle, verge, maladie de Mondor
Summary (English):

Mondor's disease or superficial vein thrombosis is a rare benign disease. This superficial vein thrombosis can be localized in several parts of the body: chest wall, abdominal, arm, penis. The localisation at the level of the penis is exceptional. The diagnosis is based on careful examination of the penis completed by a doppler ultrasound of the penis. The treatment is based on non-steroidal anti-inflammatory drugs. We report a case of Mondor's Disease of penis in a 31-year-old man after sexual activity. The patient has no medical-surgical history. Its symptomatology associates pain and nodules in the vein of the penis. In addition to the clinic, doppler ultrasound helps with diagnosis and eliminates differential diagnoses. Non-steroidal anti-inflammatory therapy has been successfully initiated in the patient.

Keywords: superficial vein thrombosis, penis, Mondor's disease, ultrasound-doppler
Adresse de correspondance:

Amadou KASSOGUE, Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie, Université des sciences des techniques et des technologies de Bamako. Tel : +223 66851373; Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

INTRODUCTION
La Maladie de Mondor ou thrombose veineuse superficielle (TVS) est une maladie rare. Elle a été initialement décrite par Mondor en 1939 au niveau des veines sous cutanées de la paroi thoraco-abdominale antérolatérale [1]. Sa localisation pénienne est une entité clinique extrêmement rare, a été décrite pour la première fois en 1955 par Braun-Falco [2], puis par Helm et Hodge [3] en 1958. La symptomatologie de la maladie de Mondor du pénis est faite de douleur ou d’induration du trajet de la veine dorsale superficielle. L’étiologie la plus souvent mise en cause est un étirement et une torsion de la veine du pénis lors des rapports sexuels prolongés et intenses [4]. Nous rapportons un cas de thrombose veineuse superficielle de la verge pour sa rareté et discutons les aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques.

OBSERVATION
Monsieur DS, homme de 31 ans, résidant à Bamako sans antécédent médico-chirurgical notable. Le patient a consulté dans le service d’Urologie du CHU Point G pour douleur et induration superficielle au niveau de la face latérale droite de la verge suite à un rapport sexuel intense. Ce rapport sexuel a été interrompu du fait de l’apparition de la douleur évoluant depuis une semaine. L’interrogatoire a retrouvé une récente activité sexuelle intense sans notion de traumatisme récent, pas de notion de prise d’aphrodisiaque ni de la fièvre ou des signes fonctionnels urinaires. L’examen physique a révélé une induration linéaire avec des nodosités superficielles, palpée sur la face latérale du pénis. L’induration était douloureuse à la palpation et le tissu cutané sus jacent était intact sans érythème (figure 1). Le reste de l’examen génito-urinaire était normal, notamment pas d’adénopathie inguinale. Le diagnostic de thrombophlébite de la veine superficielle de la verge a été évoqué.
Une échographie doppler pénienne a été réalisée, révélant une thrombose veineuse superficielle de la verge (figure 2). Un traitement conservateur a été instauré, comprenant un antalgique (Tramadol comprimé : 50 mg deux fois par jour), un anti-inflammatoire non stéroïdien (Diclofenac comprimé : 50 mg trois fois par jour) et une héparinothérapie de 6000 UI (100 UI anti-Xa/kg toutes les 24 heures : 0,6ml par jour) pendant 10 Jours. Le patient a été informé de la nécessité d’une abstinence sexuelle jusqu’à disparition complète des symptômes. L’évolution a été rapidement favorable avec une disparition des douleurs en une semaine et la normalisation de l’examen clinique en 7 semaines.

DISCUSSION
La maladie de Mondor est rare. Elle peut se localiser dans plusieurs parties du corps : paroi thoracique, abdominale, pénis, bras, et d’autres parties du corps peuvent être touchés [5, 6, 7]. Sa localisation au niveau de la verge est encore plus rare. La maladie de Mondor du pénis est une affection bénigne siégeant au niveau la veine superficielle du pénis. Elle se manifeste chez les hommes ayant une vie sexuelle active dans la tranche d’âge entre 21 et 70 ans [8]. L’étiopathogénie reste inconnue, mais de nombreux facteurs de risques sont décrits. Le principal, est une activité sexuelle excessive. Chez notre patient nous avons trouvé cette notion d’activité sexuelle intense sans aucun facteur de risque thrombotique associé. Par contre, Botcho G et al. ont rapporté un cas survenant sur terrain drépanocytaire [9]. Nachmann MM et al [10], dans leur étude avaient aussi incriminé le trait drépanocytaire comme facteur favorisant dans la genèse de thrombus lors d’une maladie de Mondor.
Des auteurs [4-10], rapportent d’autres facteurs de risque comme : les traumatismes, l’abstinence sexuelle prolongée, les processus infectieux locaux ou à distance, une injection de produits intraveineux au niveau de la verge, une atteinte néoplasique dans un autre territoire. Cependant, la cause de la maladie de Mondor peut être idiopathique.
Le diagnostic de la thrombose veineuse superficielle du pénis est clinique et est basé sur l’histoire de la maladie et l’examen physique. Selon plusieurs auteurs, le diagnostic différentiel se fait avec la fracture de la verge ; la maladie de La Peyronie ; le lymphœdème et enfin la lymphangite sclérosante [5, 11].
Le diagnostic est habituellement facile à l’examen physique, mais l’échographie doppler couleur de la verge est importante pour le diagnostic. Hakan Ozturk propose une collaboration entre radiologue et urologue pour un diagnostic précis et une prise en charge appropriée [7]. Nous avons complété par une échographie doppler de la verge chez notre patient. Elle a retrouvé les signes habituels de thrombose veineuse au niveau de l’induration superficielle de la verge: une image hypoechogène endoluminale. Le traitement n’est pas codifié, mais est basé sur l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens, voire des héparines de bas poids moléculaire [5]. Dans les études de Nachmann MM et al. [10], chez les patients qui n’avaient reçu aucun traitement, la guérison était obtenue après 06 et 08 semaines avec perméabilisation de la veine thrombosée. Un traitement conservateur a été instauré dans notre cas à base d’antalgique et d’anti-inflammatoire non stéroïdien associé à une héparinothérapie pendant 10 Jours. Une abstinence sexuelle jusqu’à disparition complète des symptômes a été proposée. L’évolution a été favorable avec une disparition des douleurs en une semaine.
Sasso F et al [4], proposent trois approches thérapeutiques en fonction des stades cliniques. Aucune des méthodes thérapeutiques proposées n’avait fait la preuve d’une réduction significative du délai de guérison. L’étude de Mürsel DEO [12], sur 14 patient, l’administration par voie orale d’Aspirine 500 mg (04 fois par jour) associée à la Pentoxifylline 600 mg (02 fois par jour) réduirait la durée des symptômes. Cependant, on trouvait que ce temps correspondait à celui de la résolution spontanée des symptômes [13]. La maladie de Mondor du pénis est rare et le diagnostic peut passer inaperçu. L’interrogatoire et l’examen minutieux de la verge permettent de suspecter la maladie et complété par l’échographie doppler. Nous rapportons le premier cas documenté de la maladie de Mondor localisée au niveau du pénis dans notre pays.

CONCLUSION
La Maladie de Mondor ou thrombose veineuse superficielle est une affection bénigne rare. Cette thrombose veineuse superficielle peut se localiser dans plusieurs parties du corps. La localisation au niveau de la verge est exceptionnelle. Le diagnostic repose sur l’examen minutieux de la verge complété par une échographie doppler de la verge. Le traitement est basé sur les anti-inflammatoire non stéroïdiens. L’évolution est favorable le plus souvent.

Références:

1-Mondor H. Tonculite sous-cutanée subaiguë de la paroi thoracique antérolatérale. Mem. Acad Chir 1939; 65: 1258 -71.
2-Braun-Falco O. Zur Klinik, histologie, und pathogenese der strangformigen oberflachlichen phlebitiden. Dermatol Wochenschr 1955; 132: 705-15.
3-Helm JD, Hodge IG. Thrombophlebitis of a dorsal vein of penis, report of a case treated by phenylbutazone. J Urol 1958; 79: 306-7.
4-Sasso F, Gulino G, Basar M, Carbone A, TorricelliP, Alcini E. Penile Mondor’s disease : an underestimated pathology. Br J Urol 1996; 77: 729-32.
5-Zidani H, Foughali M, Laroche JP. Thrombose veineuse superficielle au niveau de la verge. Maladie de Mondor ? A propos d’un cas et revue de la littérature. J. Mal. Vasc. 2010; 35(6) : 352-354.
6- Quéhé P, Salibou AH, Guias B, Bressollette L. Maladie de Mondor. À propos de trois cas et revue de la littérature. J. Mal. Vasc. 2009; 34(1): 54-60.
7- Öztürk H. Penile modor’s desease. Basic and clinical andrology 2014; 24(5): 1-5.
8-Nazir SS, Khan M. Thrombosis of the dorsal veinof the penis (Mondor’s Disease): A case report andreview of the literature. Indian J Urol. 2010; 26(3):431-433.
9-Botcho G, Tengue K, Kpatcha TM, Leloua E, Sewa EV, Sikpa K et al. Thrombose de la veine dorsale superficielle du pénis (maladie de Mondor). A propos d’un cas et revue de la littérature. Uro’Andro. 2016; 6: 294-296.
10-Nachmann MM, Jaffe JS, Ginsberg PC, Horrow MM, Harkaway RC. Sickle cell episode manifesting as superficial thrombophlebitis of the penis. JAOA. 2003; 103 (2): 102-104.
11-Desportes E, Rabii A, Dautry R, Djebbar S, Hummel V, Schouman-Clayes E et al. Thrombose de la veine dorsale superficielle du pénis (maladie de Mondor). Ann. Fr. Med. Urgence 2013; 3:337-339.
12-Mürsel DEO. Penile Mondor’s disease can be effectively treated with the use of an acetyl salicylic acid and pentoxifylline combination. Turk J Med Sci. 2010; 40(5): 735.
13-Walsh JC, Poimboeuf S, Garvin DS. A common presentation to an uncommon disease. Penile Mondor’s disease: a case report and literature review. Int Med Case Rep J. 2014; 7: 155-157.

Illustration 1: 31
Illustration 2: 32
Citer l'article: TEMBELY Y, KASSOGUÉ A, TRAORÉ T, FRANKY O, COULIBALY S, DOUMBIA Y, KANTÉ M, TEMBELY A. Une induration superficielle au niveau de la face latérale droite de la verge révélant la maladie de Mondor. Remapath 2019;4:15-17.
Télécharger l'article complet: ici
Classé dans : REMAPATH N°4